Du premier éclair narratif à la version finale prête à tourner, la fabrique d’un récit repose sur des artisan·e·s de l’ombre. Deux fonctions y brillent particulièrement: le Scénariste, architecte de l’histoire, et le Script doctor, médecin du texte chargé de diagnostiquer et soigner les faiblesses d’un projet.
Rôles complémentaires, missions distinctes
Le Scénariste invente l’univers, façonne les personnages, organise la structure, choisit les scènes et les dialogues. Le Script doctor intervient quand un scénario existe déjà: il évalue, conseille, restructure, coupe, densifie, clarifie le propos et la dramaturgie.
- Vision: le Scénariste crée le cap; le Script doctor corrige la trajectoire.
- Livrables: synopsis, traitement, continuité dialoguée vs. notes de lecture, rapport analytique, propositions de réécriture.
- Temporalité: création continue vs. interventions ciblées et itératives.
Signes qu’un projet a besoin d’un regard expert
- Personnage principal passif ou sans désir clair.
- Acte 2 qui s’étire, enjeux flous, pression dramatique insuffisante.
- Thème diffus: on ne sait pas “de quoi ça parle” en une phrase.
- Dialogues expositifs, manque de sous-texte, scènes sans pivot.
- Fin satisfaisante émotionnellement mais fragile logiquement.
Cadre de collaboration efficace
Pour tirer le meilleur du duo Scénariste / Script doctor:
- Définir un objectif mesurable: “clarifier le moteur du protagoniste” ou “resserrer l’acte 2 de 15%”.
- Partager les contraintes (budget, casting pressenti, durée, ton).
- Convenir d’un nombre de rounds et d’indicateurs de réussite.
- Protéger la voix d’auteur: soigner sans dénaturer.
Un parcours en 6 étapes
- Brief et lecture diagnostique (notes macro et micro).
- Entretien éditorial: problématiques prioritaires, pistes.
- Plan d’intervention: structure, arcs, scènes clés.
- Réécriture ciblée ou propositions annotées.
- Feedback croisé, tests de lisibilité (table-read, cold read).
- Polish final: cohérence tonale, rythme, précision des enjeux.
Erreurs fréquentes à éviter
- Multiplier les notes contradictoires sans ligne éditoriale.
- Confondre complexité et complication: l’une enrichit, l’autre alourdit.
- Traiter les symptômes (dialogues) sans traiter la cause (structure).
- Réécrire sans hypothèse de test: mesurer avant/après.
Boîte à outils de lecture analytique
- Logline d’une ligne: qui veut quoi, contre quoi, et pourquoi maintenant.
- Arcs de transformation: point A, épreuves, point B, coût du changement.
- Design des scènes: objectif, conflit, tournant, conséquence.
- Rythme: alternance tension/relâchement, densité d’informations par page.
- Thème: déclinaisons en sous-intrigues et motifs visuels.
FAQ
Quelle différence entre un Scénariste et un Script doctor?
Le premier conçoit et écrit l’œuvre; le second intervient pour diagnostiquer et améliorer un texte déjà écrit, sans nécessairement en être l’auteur original.
À quel moment solliciter un Script doctor?
Après une ou deux versions complètes, lorsque les problèmes récurrents sont identifiés mais difficiles à résoudre de l’intérieur.
Doit-on créditer le Script doctor?
Selon l’ampleur de l’intervention et les usages du projet: “consultant·e scénario”, “conseil dramaturgique” ou crédit partagé si réécriture substantielle.
Combien d’itérations sont raisonnables?
Deux à trois cycles bien cadrés suffisent généralement: diagnostic, réécriture ciblée, polish.
Conclusion
Qu’il s’agisse d’initier une histoire ou de l’amener à maturité, la synergie entre Scénariste et Script doctor clarifie la vision, renforce l’arc émotionnel et assure une exécution solide. Un bon récit se ressent; un grand récit se construit, puis se soigne.
